SUSANNA MIGLIORANZA   Artiste Lumière

Née en Italie en 1960, je viens deTurin, la capitale de l'Arte Povera.
Difficile de discerner ce qui le plus influencé mon « oeuvre »: la rencontre des artistes croisés assez lointainement en fréquentant le lycée artistique où Penone enseignait, ou un certain ressenti de pauvreté dans lequel j’ai grandi ?
Disons que libérée de certaines contraintes psychologiques, je n’ai jamais depuis cessé de construire des «
objets/créations ».

Depuis mon installation à Paris, en 1989, j’ai commencé un peu par hasard à travailler les muselets, cette armature de fil de fer dont on coiffe le bouchon des bouteilles de champagne, matériau que j’affectionne. Cette découverte est devenue pour moi une passion et un objet de recherche sans limites car les possibles de ces bouts de fer torsadés sont infinis.

En 1998 je fabriquais déjà des mobiles avec ce fil, influencée par Calder. Son sens du jeu et du loufoque me faisait rêver et sa liberté m’a ouvert la voie qui me permet l'expression de ce que je peux ainsi exprimer de mes mains.

Le muselet trouve sa place par son principe de fractale. Une fractale est un objet géométrique « infiniment morcelé » dont les détails sont observables à une échelle arbitrairement choisie. Pour Nassim Haramein, physicien quantique, la nature est fractale, le fini contient l'infini et chaque point contient l’information de la totalité en lui. De

 

même, le muselet par sa multiplication et par l’assemblage géométrique ou par des accrochages désordonnés, peut devenir un tout. La multiplicité des formes qu’il offre sont infinies.
L’assemblage des extrémités entre elles constituent des structures et solides mais aussi, des structures aérienne quand je les détords pour en faire des fils qui par leurs sinuosités et leurs côtés brillants revêtent un caractère singulier qui les différencient du fil de fer commun.

La connaissance de soi passe par l'expérience. Le travail artistique n'est pas détaché de l'être qui se cherche. La recherche de l'équilibre, de la légèreté, de la transparence, de la profondeur et de jeux de perspectives, sont ce que je recherche dans la relation humaine et dans mon oeuvre artistique. Telle est ma démarche, ou du moins mon effort.

Se manifester puis se reconnaître dans des gestes créatifs spontanés, en récupérant ces matériaux jetés/jetables, en tentant de faire apparaître la beauté là où elle semblait perdue à jamais, en mettant en lumière l’existant, voilà ma manière et ce qui me constitue.

Les mots nous disent beaucoup : muselet comme museler la parole qui ne s'exprime pas, les souffrances enfantines, celles de la vie. Soudain, par l'acte de détordre, de détricoter, de dénouer, de démuseler, le non-dit devient œuvre en tant que processus de recherche, d’expérimentation et d’élévation spirituelle.

C’est par l’exploration de la création de lampes, que je suis parvenue à la sculpture en muselets.
Tout ce qui est luminaire est idéale pour donner un usage à ces solides qui, illuminés deviennent des objets précieux et esthétiques par le côté brillant et chatoyant du vernis qui réfléchit et réfracte bien la lumière.

Sortant des contraintes j’ai pu assembler des modules de forme géométrique qui deviennent alors des objets méditatifs ou le regard se perd et peut interroger l’infini des possibilités. 


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